L’acquisition d’un appartement en PPE en Suisse, en particulier dans les régions fortement peuplées, continue d’être considérée comme un bon investissement, malgré les craintes d’une bulle immobilière.1 De ce fait, l’idée poursuivie par le législateur, lors de l’introduction de la propriété par étage le 1er janvier 1965, semble effectivement se réaliser:2 ainsi, l’appartement acquis en PPE devait constituer un placement.3 De plus, la propriété par étage devait permettre aux familles et à la classe moyenne de faire l’acquisition de leur logement en propriété, même dans les régions où le prix de terrain était élevé.4
La tendance en faveur de la PPE semble se poursuivre et se reflète dans les relevés statistiques de ces vingt dernières années. Sur les 227 000 logements qui ont été construits en Suisse entre 1990 et 2000, plus des deux tiers étaient des logements en PPE.5 Le nombre des appartements en PPE a passé de 878 000 en 1990 à 1 047 000 en 2000, ce qui correspond à une augmentation de 19%.6 Pour la période après l’an 2000, les statistiques pour l’ensemble de la Suisse manquent encore mais l’office zurichois des statistiques a constaté en 2010 que le nombre des nouveaux logements en PPE construits dans le canton de Zurich entre 2000 et 2009 a même augmenté de 53%.7
Lors de son introduction en 1965, l’institution de la propriété par étage était contestée. Ses détracteurs se référaient aux expériences faites avec les réglementations cantonales en matière de PPE8 et prétendaient que la propriété par étage était source de litiges.9 Or ces litiges entre propriétaires débouchaient sur l’impossibilité de réaliser les travaux d’entretien nécessaires sur l’immeuble ou alors les travaux ne pouvaient être exécutés que de manière insuffisante après des litiges de longue durée. Finalement selon eux, les immeubles allaient se détériorer.10
Compte tenu du fait qu’à un certain moment les réparations et les améliorations ne suffisent plus à entretenir un immeuble11 et que les premiers immeubles réalisés en PPE atteindront bientôt l’âge de 50 ans, la question d’une rénovation globale se pose.12 Le présent article se propose d’examiner la faisabilité juridique d’une telle rénovation en profondeur. De plus, il convient de savoir si l’acquisition d’un appartement en PPE est économiquement rentable compte tenu de la nécessité finale d’une rénovation et si l’idée du législateur de fournir, avec l’institution de la PPE, un objet d’investissement aux familles et à la classe moyenne a fait ses preuves.