La Suisse est un pays importateur pour ce qui est de la main d’œuvre étrangère. Du fait de son faible taux de chômage à l’échelle internationale1 et de son niveau de salaires élevé en comparaison mondiale, elle exerce un fort attrait auprès de la main d’œuvre étrangère qualifiée.2
Dans le cadre de l’emploi de salariés ou de prestataires3 étrangers en Suisse, il existe de très nombreuses possibilités de création et d’aménagement des rapports de travail. Outre la mise en place d’un rapport de travail classique intérieur avec un salarié étranger domicilié en Suisse, d’autres formes d’emploi peuvent être envisagées, telles que des détachements transfrontaliers, des contrats de travail suisses avec des personnes domiciliéesà l’étranger (semainiers, frontaliers et séjoursde courte durée à l’échelle internationale) oudes engagements de conseillers externes au groupe (en particulier dans le domaine du conseil en management, du conseil informatique ou du conseil en ressources humaines). A cela viennent s’ajouter de nouvelles formes d’emploi (modernes) comme les activités en Home Office.4 Ce large éventail de possibilités de conception (ci-après: «rapports de travail internationaux») et la forte densité réglementaire résultant des normes juridiques nationales et internationales font du rapport de travail international une question complexe pour l’employeur et les salariés.
Le détachement de collaborateurs est ainsi passé d’un phénomène exceptionnel à une pratique commune. Toutefois, la planification stratégique et les compétences font encore souvent défaut dans les entreprises au momentde la mise en œuvre administrative du détachement.5 Tandis qu’auparavant, les groupes internationaux étaient les seuls touchés par ces aspects de l’emploi mondial de personnel, des entreprises de toute taille sont aujourd’hui concernées. Pourtant, rares sont les petites et moyennes entreprises (PME) à disposer d’expertise dans ce domaine.6 La planification stratégique et la mise en œuvre administrative des engagements mondiaux de personnel sont confiées à des «Global Mobility Managers» ou «Expatriate Managers» dotés de l’expertise correspondante, souvent soutenus par des conseillers externes tels que des fiduciaires au fait des spécificités locales. Le présent article a pour objet d’offrir un guide fiscal à ce groupe cible.
Compte tenu des nombreux cas de figure possibles et des divers aspects juridiques, le présent article se limite aux thématiques suivantes:
- Seul est abordé l’assujettissement fiscal dans le cas d’une activité lucrative transfrontalière. Les thèmes spéciaux – tels que l’imposition de bonus et de participation du personnel – ne sont pas traités ici.7
- L’article traite exclusivement des constellations inbound, c’est-à-dire de l’emploi ou du détachement de travailleurs salariés internationaux en Suisse.
Le point 2 expose à quel moment des rapports de travail internationaux conduisent à un assujettissement fiscal en Suisse dans les situations inbound. Le point 3 se penche sur les rapports de travail internationaux sur la toile de fond des normes applicables de la convention contre les doubles impositions (CDI). Sont présentées dans ce cadre les réglementations spéciales CDI, telles que la réglementation pour les monteurs et les frontaliers, tout comme les réglementations pour les cadres dirigeants et les membres du conseil d’administration. La problématique de la création d’un établissement stable suisse par des actifs internationaux est également abordée.